La mémoire de la peur et ses dérèglements.

A-La mémoire de la peur

 

    Lors du sentiment de peur, notre amygdale stimule les zones de mémoire de notre cerveau et leur commande de retenir l’événement dans les moindres détails. C’est ainsi que le cerveau apprend à toujours mieux nous protéger des dangers, à la fois en répertoriant les nouvelles menaces, mais aussi en affinant les stratégies de défense. En général, il suffit qu’un seul des détails de l’événement traumatisant réapparaisse pour faire resurgir le souvenir complet et détaillé… Et aussi parfois la peur ! En effet dans cette partie du cerveau les souvenirs émotionnels sont stockés sous deux formes. L’une consciente appelée mémoire explicite épisodique, gérée par l’ hippocampe  fait resurgir tout le film du souvenir et rappelle la date, les circonstances et les conséquences de l’événement. L’autre inconsciente appelée mémoire émotionnelle produite par l’amygdale face à un objet ou un endroit lié à une expérience effrayante peut faire battre le cœur, transpirer, accélérer la respiration… Bref ressentir à nouveau la peur. C’est très utile car cette réaction émotionnelle ultra-rapide permet de réagir immédiatement face au danger. Ces deux systèmes fonctionnent en parallèle et permettent de fournir une réaction très rapide et très efficace  face au danger.

 

 

B- Les dérèglements de la peur

 

    La mémoire de la peur (qui nous permet de ressentir la peur face à certaines situations connues) peut avoir des effets néfastes. Chez les personnes atteintes de phobie, le «système de la peur» est déréglé. Ces phobies peuvent s'exprimer plus ou moins facilement en fonction de divers facteurs. Ces personnes ont identifié comme dangereux un objet ou un événement qui ne l'est pas et dès qu'elles le rencontrent, elles ressentent une peur intense pouvant parfois se traduire par une panique. En effet, la peur peut apparaître lors de situations sans danger mais avec des circonstances similaires. Pour qu'on puisse parler de phobie, il faut qu'il y ait un caractère systématique, répétitif du phénomène. Une peur intense qui n'arrive qu'une seule fois n'est pas une phobie.  Ainsi, des individus peuvent ressentir une peur en présence d'arachnides, ou simplement dans un avion. Dans l'esprit du phobique, un souvenir est associé avec une peur de forte intensité.

    Lorsque les patients se trouvent dans la situation ou en présence de l'objet responsable de la phobie, une correspondance inconsciente se produit avec le souvenir et l'émotion associée, la peur est réactivée. Certains individus se rappellent cette image avec précision, mais parfois, ce souvenir est oublié consciemment: il est ainsi refoulé. Le stimulus déclencheur de cette peur est bien spécifique et n'est pas générateur de peur pour la plupart des gens. La réaction est en quelque sorte réflexe, et la peur ressentie dans ce cas, est souvent de très forte intensité, car le corps ne sait pas ce qui provoque cette réaction. (extrème terreur, la crise de panique, voire l'évanouissement).Cette intensité est telle que les phobiques font tout ce qu'ils peuvent pour éviter de se trouver dans la situation qui déclenche leur phobie. Ainsi, elles constituent  souvent "une gêne" pour l'individu concerné, et peuvent même parfois devenir handicapantes car ce comportement est incontrôlable. Par exemple, l'agoraphobie se caractérise par une peur irrationnelle des situations en public. Elle empêche, de vivre, de sortir et de communiquer. Cette pathologie peut conduire, faute de traitement adapté, à un isolement social, à une dépression, ou encore amener celui qui en souffre à des comportements dangereux (consommation excessive d’alcool ou de tranquillisants pour fuir la peur) qui peuvent entraîner un état de dépendance du malade.

 

L'arachnophobie